L'ACTU.
La 39ᵉ campagne d’hiver des Restos du cœur débute mardi 21 novembre. Cette année, l’augmentation des bénéficiaires et la baisse des dons ont contraint l’association à restreindre l’accès à l’aide alimentaire.
Patrice Douret, le président des Restos du cœur, avait provoqué un électrochoc le 3 septembre en annonçant que l'association était au bord du gouffre, avec un trou de 35 millions d'euros. Faute d'aide, il expliquait que l'association devrait diminuer le nombre de ses distributions, impactant 150 000 personnes. Pire encore, il alertait : « Les Restos du cœur pourraient mettre la clé sous la porte d'ici à trois ans. »
Il expliquait les difficultés rencontrées par « la hausse très importante » du nombre de personnes demandant de l'aide (22% en moyenne). L'association a déjà accueilli 1,3 million de personnes en 2023, contre 1,1 million sur l'ensemble de l'année précédente. À titre de comparaison, lors du lancement de l'association en 1985, 8 millions et demi de repas avaient été distribués. L'autre responsable du marasme, c'est l'inflation, générant une « augmentation de ses coûts de fonctionnement (...) l'inflation est d'une violence inouïe. Si on ne fait rien, même les Restos du cœur pourront mettre la clé sous la porte d'ici à trois ans », déclarait encore Patrice Douret sur TF1.
L'ARCHIVE.
Coluche est à l'origine de cette association. Dans l'archive que nous vous proposons de regarder en tête d'article en date du 5 janvier 1986, l'humoriste revenait sur la genèse et le but des Restos du cœur. Une idée simple de la solidarité envers les plus démunis qu'il envisageait comme temporaire et qu'il décrivait ainsi : « Les Restos du cœur, on essaye de redistribuer des biens qui appartiennent à la société et de les redistribuer à ceux qui manquent de la société ».
Sa grande idée était d'utiliser les surplus alimentaires. Un cercle vertueux qui ne présentait que des avantages à ses yeux, comme il l'expliquait ensuite : « Je pense que si on s'organisait bien, on pourrait, avec ce qu'on possède, en excédent de production, faire bouffer tout le monde sans ce que cela pose un problème particulier à l'ensemble de la communauté ».
Le premier jour de l'ouverture des Restos du cœur, le 21 décembre 1985, Coluche expliquait que la mobilisation allait permettre à l'association de distribuer entre 34 et 37 000 repas en France. Puis, il espérait passer à 60 000. Coluche envisageait déjà de développer l'appel aux entreprises et espérait alors qu'elles les aideraient davantage, précisant « que la capacité de dons de certaines entreprises est très importante pour nous ».
L'objectif de l'humoriste était au départ de 200 000 repas par jour, un objectif fixé « au hasard, par rapport à la demande ». La journaliste jugeait cela « ambitieux »... Mais pour lui, « on ne voit pas trop grand dans ces affaires-là (...) tout ce qu'on pourra faire ce sera bien ». La capacité de distribution était au départ de 5 millions de repas par hiver, mais le comique savait que ce chiffre augmenterait, « 10 millions, 20 millions... ». Ces chiffres ont explosé, Les Restos ayant distribué 136,5 millions de repas à 875 000 bénéficiaires durant la saison hivernale 2019-2020.
Coluche décrivait ensuite l'aide logistique apportée par les pouvoirs publics en matière de transport, d'achat de denrées au prix bas. Il soulignait la solidarité entre associations caritatives. Pour conclure, il insistait sur l'idée de générosité qu'il fallait relancer dans la société où la faim touchait de plus en plus de familles.