Il y a bien longtemps, à l’ère de l’internet ADSL, un outil d’expression en ligne attira toute l’attention des médias : les blogs. « C’est un journal… pas vraiment intime puisque tout le monde peut le consulter sur la toile un bloc note en quelque sorte », décrivait David Pujadas. Des définitions, un peu réductrices, qui ne sauraient rendre l’ampleur du phénomène qu’a représenté le blog dans les années 2000.
Et en particulier chez les ados : le Skyblog. Comme le racontaient les journaux télévisés : « Des rires, les yeux braqués sur un écran d'ordinateur, ils passent ainsi des heures. Juliana, Michael, Geoffrey et Chloé cheminent de blog en blog sur internet. »
Lancés par la radio Skyrock en 2002, les Skyblogs explosaient quelques années plus tard. En 2006, près de 15.000 étaient créés chaque jour et la barre des 10 millions de Skyblogs fut franchie en 2007. C'était l’apogée pour Skyrock, alors 17e site le plus visité au monde.
Le blog, précurseur des réseaux sociaux
Skyblog : ni plus ni moins que le précurseur des réseaux sociaux, quelques années avant Myspace, Facebook, Twitter ou Instagram. Et à l’époque les médias s’interrogeaient : pourquoi les ados, d’habitude si secrets, exhibent ainsi leur vie intime sur internet ? Réponse de Violette, blogueuse de 13 ans : « Bah pour montrer qui je suis, pour que mes amis le voient, ma famille, tout le monde. Et puis, il y en a plein d’autres qui le font, donc on peut en parler ensemble. »
Autre réponse, celle de Chloé, 17 ans : « Les gens mettent des commentaires, parfois ils nous charrient, c’est aussi le but, ils nous bousculent, il faut assumer quand on met une photo. Nous aussi après, on va sur leur blog et à notre tour, on les bouscule aussi ! » Et lorsqu’on se bousculait sur Skyblog, c'était avec un certain verbe. Une façon d’écrire qui laissait les adultes sur le carreau : « Un langage texto, par exemple sans voyelles, à l’image d’une jeunesse rompue à internet et aux nouvelles technologies ! »
Des adultes à la traîne et très vite, les médias abordaient les aspects négatifs du phénomène Skyblog : du plus bénin au plus grave. Exemple en 2005 : « Beaucoup de lycéens avaient pris l’habitude de juger leurs professeurs avec des termes parfois insultants, l’Éducation nationale a décidé de sévir. »
Aujourd'hui, pour le meilleur et pour le pire, les Skyblogs disparaissent d’internet ! Mais plus d’un million d’entre eux seront conservés par l’INA et la BNF. Sociologues et chercheurs continueront à travailler sur ce phénomène des années 2000.