L'ACTU.
La chaîne Cnews a diffusé dimanche 25 février 2024 une émission consacrée à la remise en cause du droit à l'IVG, assimilant l'avortement à une « cause de mortalité ». L'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) a été saisie par le groupe La France insoumise (LFI) à l'Assemblée nationale. La chaîne a présenté ses excuses par la voix de sa journaliste Laurence Ferrari qui a déclaré au début de son émission : « La chaîne Cnews présente ses excuses à ses téléspectateurs pour cette erreur qui n'aurait pas dû se produire » et « auprès de toutes les femmes ».
Emmanuel Macron avait indiqué en octobre 2023 que le droit des femmes à l'IVG sera irréversible en 2024. En clair, il sera inscrit dans la Constitution. L’objectif est de se prémunir contre d’éventuelles remises en cause du droit à l’avortement, comme celles observées aux États-Unis. Les sénateurs ont voté pour la constitutionnalisation d'une « liberté garantie » à l'avortement.
LES ARCHIVES.
Depuis l'adoption en France de la loi Veil en 1974, le droit au recours à l'interruption volontaire de grossesse (IVG) est régulièrement attaquée. C'est ce que montre le montage à base d'archives disponible en tête d'article. « L’avortement est objectivement un mal. Même légalisé, il demeure une atteinte radicale à la vie humaine. Une œuvre de mort. » Voici les déclarations du cardinal François Marty, le 19 septembre 1975, deux jours après la promulgation de la loi Veil qui légalise l’IVG en France. Soutenu par le Vatican, le cardinal invitait tous les catholiques à remettre en cause ce nouveau droit à l’IVG. Et l’appel fut entendu, en 1979, TF1 suivait une manifestation pro-vie : « De 6000 à 10 000 personnes se sont rassemblées devant le palais Bourbon pour protester contre la loi sur l’avortement. L’avortement est un génocide, un assassinat, pouvait-on lire sur certaines pancartes. » Une initiative du mouvement « Laissez les vivre ».
Les militants anti-IVG battaient le pavé pour protester notamment contre le remboursement de l’IVG. Ils étaient parfois rejoints par des élus et représentants politiques. Comme Jean-Marie Le Pen ou, en 1982, François Chollet sénateur de Paris : « Je suis quant à moi profondément hostile à l’avortement. »
Des commandos pour empêcher de pratiquer des avortements
Cette hostilité s'est exprimée aussi en dehors des manifestations. Dès les années 90, des commandos anti-IVG débarquaient en France. Comme à l'hôpital de Lyon, en 1990 : « 8 h ce matin, une vingtaine de personnes pénètrent dans le centre d'orthogénie de l'Hôtel Dieu. Aussitôt, ils s'enchaînent dans le bloc opératoire. Nom de leur action : opération sauvetage. Ils se présentent comme des chrétiens de toutes confessions. Des chrétiens qui considèrent l’avortement comme un crime. »
Une tendance tout droit venue des États-Unis où le mouvement pro-vie était déjà très actif. En France, les associations, « SOS Tout Petits » et « La Trêve de Dieu » étaient à la manœuvre. Leur mode d’action : bloquer l’accès des établissements pratiquant l’avortement. En 1994, des soignants victimes de ces commandos témoignaient : « Y en a un qui a tordu le bras de l'infirmière responsable », « Ils ont agressé les femmes en leur disant qu’elles étaient des assassins », « Ils nous bloquaient, ils nous empêchaient de rentrer dans les salles d’intervention », « Ils empêchaient les femmes de se présenter là où il fallait pour obtenir leur IVG. »
Des prises de paroles violentes
Face à la multiplication de ces actions, une loi instaure le délit d’entrave à l’avortement en 1993. Mais il en faudra plus pour décourager les anti-IVG. Comme le pédiatre Xavier Dor, fondateur de « SOS Tout Petits ». En plus de sa participation active aux commandos, ses prises de paroles sont sans filtre : « Hitler était un petit enfant à côté de nos hommes politiques actuellement. On peut compter sept millions de morts. Hitler a fait moins de morts, nous, on en tue 1 000 par jour. »
Xavier Dor fut plusieurs fois condamné pour ces actions contre l’avortement. Avec le renforcement de la législation en faveur de l’IVG, les commandos disparurent en France, mais pas le mouvement pro-vie. Tous les ans depuis 2005, des manifestations sont organisées à l'initiative des associations. Et dans les cortèges, les slogans n'ont pas changé depuis 1975 et restent pour l’abrogation de la loi Veil.