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1979 : ce que disent les archives de Raël, ses disciples et les Elohims

1979 : ce que disent les archives de Raël, ses disciples et les Elohims

Une minisérie disponible à partir du 7 février sur Netflix retrace l'histoire du mouvement raëlien de 1974 à nos jours. Elle permet de découvrir Raël, un Français qui a bâti une secte florissante autour d'une supposée rencontre avec les Elohims, des extraterrestres créateurs de l'espèce humaine. Il existe de nombreuses archives sur l'origine du mouvement raëlien. En voici quelques-unes.

Par Florence Dartois - Publié le 05.02.2024 - Mis à jour le 24.09.2024
La communication incroyable - 1979 - 06:45 - vidéo
 

L'ACTU.

Extraterrestres, clonage humain, soumission sexuelle… La minisérie documentaire de Netflix, Raël, le prophète des extraterrestres, retrace l'histoire du mouvement raëlien, de 1974 à nos jours. L'enquête réalisée et produite par Antoine Baldassari et Alexandre Ifi dévoile tous les aspects de ce mouvement, des plus « sympathiques et bon enfant » aux plus glaçants. Elle permet de découvrir Claude Vorilhon, un Français qui a bâti une secte florissante autour de sa supposée rencontre avec les Elohims, des extraterrestres créateurs de l'espèce humaine. Certaines de nos archives gardent la mémoire des débuts de la secte, avec des interviews de son fondateur.

L'étrange monsieur Vorilhon

Le mystérieux Raël, Claude Vorilhon de son vrai nom, est né le 30 septembre 1946 à Vichy dans l'Allier. Passionné de course automobile, il a mené un parcours atypique : chanteur parodique de Jacques Brel et même journaliste. Le public le découvre pour la première fois dans le très prestigieux « Grand échiquier » de Jacques Chancel le 13 mars 1974. Dans cette émission que nous avons pu visionner, celui qui se fait déjà appeler Raël, tout de noir vêtu, petites lunettes lui donnant un air sage, relate sa récente rencontre avec un Elohim, un extraterrestre.

L'être venu des étoiles lui a demandé de tout quitter pour délivrer un message « très important pour l'humanité toute entière ». Ce qu'il fit. Il expliquait ce soir-là que les Elohims tentaient d'entrer en contact avec les hommes depuis très longtemps, mais qu'ils ne souhaitaient pas « être pris pour des dieux mythiques ou des terreurs ou des envahisseurs ». Dans leur message, ils se revendiquaient comme « créateurs des humains ». Pour appuyer sa thèse, Raël soulignait que cela était effectivement écrit dans la Bible et les Évangiles. Ces textes avaient été rédigés, selon lui, « pour tenir lieu de preuve lorsqu'ils reviendraient... c'est-à-dire maintenant », affirmait-il.

Raël interrogé par Jacques Chancel au Grand Echiquier le 7 mars 1974.
Raël interrogé par Jacques Chancel dans « Le Grand Échiquier » le 13 mars 1974. (Capture d'écran)

Une rencontre providentielle

Après ce premier passage télévisé, Raël a beaucoup fréquenté les plateaux de télévision, et les JT, pour diffuser le message des Elohims. Preuve de l'intérêt que portait la population aux histoires d'ovnis dans ces années 1970. L'archive ci-dessous est un bon exemple des propos tenus par le futur gourou qui se présentait encore comme un humble témoin. Il s'agit de son passage dans l'émission « Samedi soir » du 25 mai 1974 à l'occasion de la sortie prochaine du livre intitulé Le livre de la vérité dans lequel il racontait sa rencontre avec un messager des Elohims et le message universel qu’il a retranscrit intégralement qu'il a pour mission de dévoiler.

Le ton du programme présenté par Philippe Bouvard se veut léger, pour preuve le petit homme vert placé à côté de Claude Vorilhon pendant l'entretien. Un Martien évidemment ! Comme souvent par la suite, le futur Raël revient sur la rencontre avec l'extraterrestre dans un volcan d'Auvergne et relate le message qu'on lui a demandé de transmettre aux terriens sur l'origine de l'humanité évoquée plus haut das cet article. L'occasion pour lui de donner des détails sur la provenance des Elohims, leur moyen de transport, de décrire leur société, leur avancement technologique et scientifique et leur projet concernant le sort des humains : « Ils nous observent depuis qu’ils nous ont créés et se demandent s’ils doivent nous maintenir ».

Il décrit ensuite la résidence qu’il devra construire pour eux et les moyens qu'il devra mettre en œuvre. À ce moment de l'entretien, il précise qu'il n'a reçu aucune aide ni d’argent pour réaliser ce projet et qu'il a fondé une association à but non lucratif pour mener à bien sa mission. « Il n’est pas question d’argent », affirme-t'il à Philippe Bouvard qui renchérit avec une pointe d'ironie : « Vous êtes un esprit pur et désintéressé. »

En conclusion, Claude Vorilhon se réjouit de vivre à une époque où, aidé par les nombreuses apparitions récentes d’ovnis, il puisse s'exprimer librement sans risquer d'être interné.

Dans l'archive suivante, en date du 9 janvier 1975, dans le JT Le Mans soir, Claude Vorilhon répondait à une interview menée, elle aussi, avec sérieux sur sa rencontre extraordinaire et le message des Elohims.

Celui que la journaliste appelait toujours monsieur Vorhilon livrait une nouvelle fois une multitude de détails sa rencontre avec un être d'1,30 m, à l'apparence humaine. Sa description de l'engin spatial, « une forme de cloche aplatie, très brillante, mais sans hublot », était illustrée par un petit croquis, sans doute dessiné de sa main.

Raël expliquait dans un discours bien rodé, proche de la thèse évhémériste, l'origine des Elohims et pourquoi ils l'avaient choisi, lui, pour délivrer leur message. Il soulignait l'importance de notre époque, celle que la Bible appelait l'« Apocalypse », l'âge de la révélation, un temps où les hommes étaient enfin capables de comprendre leur origine extraterrestre.

L'ARCHIVE.

L'archive disponible en tête d'article nous plonge dans l'étonnante ambiance du mouvement fondé par Claude Vorilhon. Ce reportage diffusé dans « Mi fugue mi raison » le 7 novembre 1979 nous entraîne dans une discothèque, « un temple de l'An 2000 » qui s'appelle « la Main Bleue » où au milieu d'un concert de lasers, « Claude Raël » et ses disciples tentaient de rentrer en contact avec les Elohims. Un prêche ahurissant, entrecoupé par l'interview du jeune gourou.

« Toutes les religions parlent d’un dieu, en fait ce sont des extraterrestres, les Elohims », ainsi s'exprimait Raël. Son nom, expliquait-il, lui avait été donné par les aliens. Il signifie « messager ». Raël expliquait que les Elohims, un terme hébreu qui peut se traduire par « ceux qui sont venus du Ciel », étaient venus sur Terre, il y a très longtemps pour créer l'homme dans « d'immenses laboratoires » s'appuyant sur la théorie des anciens astronautes issue des idées de l'évhémérisme.

Cette notion de génétique est d'ailleurs un point capital du « culte » des Raëliens, mis en exergue bien des années plus tard, en août 2001. À l'époque, par le biais de sa société Clonaid, la secte affirma avoir cloné pour la première fois une petite fille en suivant les instructions des Elohims. Son prénom : Eve. L'existence de cet enfant n'a jamais été prouvée, mais l'annonce de ce premier clonage humain valut à Raël et à la docteure en chimie Brigitte Boisselier d'être auditionnés au congrès américain.


Un nouveau Jésus

Dans le reportage présenté en tête d'article, il est clair que Raël se présentait comme LE nouvel élu, un prophète, le « Jésus du XXe siècle ». Jésus justement, qui avait été, selon lui, le fruit d'un métissage entre un Elohim et une terrienne. Chargé de diffuser le message des Elohims, Raël avait été mandaté pour construire une ambassade dans laquelle les Elohims viendraient « officiellement prendre contact avec les hommes », déclarait-il. Il omettait de préciser que les membres du mouvement raëlien devaient s'acquitter d'une part de leur salaire pour financer cette ambassade.

Un peu plus loin dans le reportage, Raël décrivait assez poétiquement à son auditoire sa rencontre du « troisième type » qui s'était déroulée dans la montagne près de Clermont-Ferrand : « Cela est arrivé dans un cratère, il y avait de la brume. C'était assez troublé, il faisait très froid. Lorsque soudain, j'ai vu dans la brume apparaître, des lumières clignotantes. Et puis, très doucement, une espèce de masse brillante est descendue et de cette masse brillante s'est déplié un escalier sur le dessous. Et puis, au bout de quelques instants, d'une émotion intense, un être très petit est sorti. »

La seconde rencontre avait eu lieu le 7 octobre 1975, en Dordogne. Cette fois-ci, les Elohims l'avaient emmené à bord d'une soucoupe volante visiter leur planète. De ce voyage, il avait ramené le symbole de son mouvement, qu'il portait en médaillon face caméra : une swastika incluse dans une étoile de David. Deux symboles anciens qui représentaient, selon lui, « l'infini dans l'espace ».

Un message assumé

Raël avait bien conscience de déranger, aussi bien les religieux, les scientifiques que les évolutionnistes. Dans cet entretien, il réfutait tout désir mercantile, bien que son livre, Le Livre qui dit la vérité, soit déjà devenu un best-seller. Son mouvement comptait 1500 personnes en France et 3500 dans le monde, mais Raël réfutait toute mystification ou statut de dieu. Il prônait la liberté de penser : « Je n'attends pas des gens qui croient sans comprendre. J'attends des gens qui comprennent, qui viennent et qui ont envie de réfléchir avec nous », assurait-il.

Le reportage se concluait sur une séance de méditation et de communication avec les Elohims. Étrange cérémonie tenue dans une boîte de nuit transformée en temple extraterrestre... Positionnés en cercle, ses adeptes, assis en tailleur, les yeux fermés, écoutaient son message : « Nous allons donc maintenant communiquer avec eux, leur communiquer cet amour extraordinaire que nous avons pour eux ». L'archive ne nous dit pas si les Elohims répondirent...

Depuis ce reportage, la secte de Raël a prospéré, bien que touchée par plusieurs scandales sexuels. Le mouvement est accusé de promouvoir les relations avec les enfants. Il a été classé comme secte depuis 1995. Le mouvement qui a fêté ses 50 ans d'existence en décembre 2023, revendique l'avènement d'un gouvernement mondial basé sur la « géniocratie ». Il aurait 100 000 adhérents et serait présent dans 120 pays.

Mais le gourou, lui, qui se fait volontiers appeler « mon prophète Bien-Aimé » continue de mener une vie de luxe et de voyager dans son jet personnel.

Raël chez Thierry Ardisson

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