L'ACTU.
« Le réchauffement causé par l’homme a augmenté à un rythme sans précédent dans les mesures instrumentales, atteignant 0,26°C en 2014-2023 », estime 59 scientifiques de renom dans une étude destinée à mettre à jour les données du dernier rapport du GIEC. La publication de ce travail intervient alors que se tient à Bonn une session de négociations préparatoires à la prochaine COP.
La 29e COP aura lieu à Bakou en Azerbaïdjan en novembre. Ces conférences internationales sur les changements du climat ont été imaginées lors du Sommet de Rio de 1992 et sont organisées chaque année depuis 1995. Elles doivent permettre l'organisation des États face aux évolutions du climat et se basent notamment sur les conclusions du Groupe d'experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Depuis 1990 et au fil de ses six rapports, cet organisme a pu apporter les preuves de l'influence humaine sur le changement climatique. Explications en archives.
LES ARCHIVES.
En 1988, les Nations unies créent une organisation intergouvernementale autonome, constituée de scientifiques et chargée d'évaluer l'état des connaissances sur le changement climatique ainsi que ses causes et ses répercussions. L'année précédente, les climatologues français Jean Jouzel et Claude Lorius publiaient une étude historique montrant le lien entre l’évolution des températures et la quantité de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.
Ils confirmaient ainsi ce que des années de modélisations scientifiques avaient anticipé : l'augmentation de la quantité de gaz à effet de serre dans l’atmosphère provoque un réchauffement de la planète. Pourtant, ces découvertes ne permettaient pas encore de déterminer la place des activités humaines émettrices de gaz à effet dans le changement du climat. D'autres phénomènes naturels pourraient en être la cause.
Le premier rapport du GIEC*, publié en 1990 et complété à l'occasion du Sommet de la Terre de 1992, mentionnait ainsi avec beaucoup de précaution l'incertitude autour de la responsabilité humaine : « L'ampleur de ce réchauffement est globalement cohérente avec les prévisions des modèles climatiques, mais elle est également de la même ampleur que la variabilité naturelle du climat. L'augmentation observée pourrait donc être due en grande partie à cette variabilité naturelle, ou bien cette variabilité et d'autres facteurs humains pourraient avoir compensé un réchauffement encore plus important dû à l'effet de serre provoqué par l'homme. »
Un faisceau d'éléments
En miroir, peut-être, du peu de médiatisation dont faisaient l'objet les enjeux climatiques au début des années 1990, nous n'avons pas retrouvé la trace de sujets de journaux télévisés détaillant les conclusions de cette première synthèse du GIEC. En réalité, ce n'est que dans le second rapport qu'émergèrent les preuves d'une influence humaine réelle. Publié en 1995, la même année que la première COP, il établissait pour la première fois la responsabilité humaine : « Un faisceau d'éléments suggère qu'il y a une influence perceptible de l’homme sur le climat global ».
Cette fois-ci, à la télévision, on mentionnait ce rapport « d'experts des Nations unies » qui confirmait : « Notre planète se réchauffe ». Dans cette archive de 1995 disponible en tête d'article, le présentateur de TF1 précisait dès son introduction que cette modification du climat était « due en grande partie aux activités humaines ». Le journaliste Fabrice Collaro détaillait les conclusions : « D'ici 25 ans, les plages situées sur la côte Est des États-Unis pourraient bien s'amoindrir, quant au niveau des mers du globe, il pourrait augmenter de 46 centimètres d'ici 2100. Et tout ça, à cause des activités humaines. »
Et de vulgariser le principe et conséquences de l'effet de serre. Il concluait : « Si ce rapport des scientifiques peut paraitre pessimiste, il montre l'urgence de la situation, car si aucune mesure n'était prise, on estime que le taux de dioxyde de carbone pourrait passer du simple au double au cours du siècle prochain ». En 1995, l'urgence déjà.
La majeure partie du réchauffement imputable aux activités humaines
2001 : troisième rapport. Avec l'avancée des recherches scientifiques, le diagnostic s'affinait, la responsabilité humaine était de plus en plus claire : « De nouvelles preuves, mieux étayées que par le passé, viennent confirmer que la majeure partie du réchauffement observé ces 50 dernières années est imputable aux activités humaines ». À la télévision, comme on le voit dans l'archive ci-dessous, l'inquiétude se faisait perceptible. De pessimiste en 1995, la synthèse du GIEC devenait alarmante. « Dans leur rapport les experts sont affirmatifs, l'accroissement des températures est bien lié à l'activité humaine et notamment au milliard de tonnes de dioxyde de carbone rejeté dans l'atmosphère ».
Réchauffement de la planète
2001 - 02:09 - vidéo
Au début des années 2000, il n'y avait donc plus aucun doute, ni sur la réalité du changement climatique, ni sur la part de responsabilité des hommes. Des événements comme la canicule de 2003 permirent une prise de conscience du grand public. En 2007, à la sortie du quatrième rapport du GIEC, France 3 affirmait : « Les experts sont formels : l'homme est en très grande partie responsable du réchauffement du climat. La température pourrait encore grimper de 4°C, selon une moyenne établie par le GIEC. »
Le GIEC recevait cette année-là le prix Nobel de la Paix et affirmait dans son rapport : « Il est très probable que l’augmentation des gaz à effet de serre d’origine anthropique ait causé la plus grande partie de l’augmentation constatée des températures moyennes au niveau mondial depuis la moitié du XXe siècle. ». Dans l'archive ci-dessous Jean Jouzel, alors membre du GIEC, alertait : « Si on n'y fait pas attention à partir de 2050, un été sur deux sera plus chaud que l’été 2003, qui lui-même était quatre à cinq degrés plus chauds qu'un été moyen du XXe siècle. Un été exceptionnel, mais qui deviendra la norme à partir de 2050. »
Rapport du GIEC sur le dérèglement climatique
2007 - 02:26 - vidéo
« Réchauffement climatique, la faute de l'homme »
Et puis, avec le cinquième rapport, par la suite le sixième, les conséquences du mode de vie humain ne firent plus aucun doute. L'archive de Soir 3 ci-dessous rapportait l'alerte des scientifiques du GIEC qui mettait « en cause directement nos comportements individuels ou collectifs qui sont sources de catastrophes à l'avenir ». Dans un reportage au titre explicite, « Réchauffement climatique, la faute de l'homme », le commentaire exposait : « Ce cinquième rapport du GIEC sonne comme une vérité qui dérange, la planète a la fièvre et d'après les scientifiques ce sont les hommes qui en seraient à 95 % responsables. »
Le rapport du GIEC de détailler : « L'influence de l’homme sur le système climatique est clairement établie et, aujourd’hui, les émissions anthropiques de gaz à effet de serre sont les plus élevées jamais observées. Les changements climatiques récents ont eu de larges répercussions sur les systèmes humains et naturels ».
Le diagnostic du GIEC sur le réchauffement climatique
2013 - 01:52 - vidéo
« Il ne fait aucun doute que l’influence humaine a réchauffé l’atmosphère, les océans et les terres depuis l’époque préindustrielle ». Le dernier rapport du GIEC, publié en 2021, démarrait sur cette affirmation. Sur France 3, le climatologue Christophe Cassou attestait d'un rythme du réchauffement « sans précédent depuis au moins 2 000 ans ».
Le commentaire d'ajouter : « L'intensification du rythme de l'eau provoque des inondations et des sécheresses plus marquées ». En cause : « l'homme et lui seul ». Un rapport comme un « rappel à la réalité », rapportait Christophe Cassou : « Sur la période 2010 - 2019, on montre que les activités humaines sont responsables de la totalité du réchauffement climatique sur cette dernière décennie qui est de l'ordre 1,1°C ».
Changements climatiques : Rapport alarmant du GIEC
2021 - 01:57 - vidéo
* Les rapports du GIEC, notamment les derniers, peuvent être publiés à des dates différentes selon le groupe de travail. Dans notre article, nous prenons les dates de publication des travaux du premier groupe, qui s'intéresse aux bases scientifiques physiques de changement climatique.
Qu'est-ce que le GIEC ?
2000 - 01:49 - audio