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Les conséquences du réchauffement de la Méditerranée sur les écosystèmes

Les conséquences du réchauffement de la Méditerranée sur les écosystèmes

Le 12 septembre 2023, un cyclone d'ampleur a touché la Libye et fait des milliers de morts. Une conséquence, entre autres, des fortes chaleurs enregistrées en Méditerranée cet été. Le 24 juillet 2023, la mer avait vécu sa plus haute température journalière connue. Un réchauffement qui impacte les écosystèmes, entre disparition et apparition de faune et de flore. Retour sur des alertes lancées au début des années 2000.

Par Florence Dartois - Publié le 26.07.2023 - Mis à jour le 13.09.2023
Le réchauffement de l'eau de mer dans le Var - 2003 - 02:02 - vidéo
 

L’ACTU.

« La puissance du cyclone Daniel vient de la température très élevée de la Méditerranée » titre le journal Le Monde le 13 septembre 2023, au lendemain du passage de ce cyclone en Libye. Il a provoqué des inondations d'ampleur en Libye et des milliers de morts. Cet été, la mer Méditerranée enregistrait un record de température médiane, à plus de 28,71°C.

Le climatologue Davide Faranda explique au Monde : « Dans cette atmosphère réchauffée depuis des semaines et rendue très humide à cause de l’évaporation de la Méditerranée, le cyclone se recharge au fur et à mesure. Il arrive sur les côtes libyennes bourré d’énergie. Ces fortes précipitations se déversent sur des sols désertiques encore plus asséchés par des mois de fortes chaleurs. Cela crée des ruissellements. »

Le précédent record de 28,25°C (température médiane) datait du 23 août 2003. À l’époque, la Méditerranée avait atteint les 30°C par endroit, parfois plus comme le montre l’archive en tête d’article.

LES ARCHIVES.

Le 16 août 2003, le JT de TF1 consacrait un sujet aux températures inédites sur l’ensemble de la Méditerranée, des côtes algériennes jusqu’au littoral français, et à l’inquiétude des scientifiques quant aux conséquences prévisibles du réchauffement de l’eau de « la grande bleue ».

Sur la presqu’ile de Giens, dans le Var, dès 7 h du matin, l’eau qui affichait 27°C la semaine précédente, avait déjà atteint les 30°C, expliquait un pompier affecté à la surveillance des plages. Un phénomène peu courant, soulignait-il, tout en ajoutant que si les touristes se réjouissaient, les locaux trouvaient « ça trop chaud pour se baigner ».

Mais, ces températures élevées avaient d’autres conséquences, bien plus graves qu'une baignade en eau tiède. Dans le Var, les conséquences de ce réchauffement sensible de la température de l'eau, inquiétait René Mayançon, ancien ingénieur de Météo France et auteur de plusieurs ouvrages de référence. Il alertait sur le risque de fortes précipitations. « La Méditerranée étant plus chaude de l’ordre de 6°C au-dessus de la normale, l'évaporation peut-être 50% plus forte que d'habitude », précisait-il. Le météorologue faisait part de ses craintes de voir de forts épisodes cévenols à l’automne. « Les précipitations pourraient se trouver majorées de l'ordre de 50%. (…) Il y a des risques d'inondation un peu plus grands », alertait-il.

Des écosystèmes bouleversés

Quelques jours plus tard, le 20 août 2003, FR3 consacrait un autre sujet aux conséquences du réchauffement de l’eau dans la Méditerranée. Cette année-là, au large des plages niçoises, la température de l'eau oscillait entre 27 et 28°C, soit deux degrés de plus que les étés précédents. C'est pourquoi on assistait déjà à une évolution de l'environnement aquatique, par exemple, avec la présence de barracudas.

Maurice Aubert, professeur à l’Université internationale de la mer, expliquait que cette hausse des températures allait immanquablement provoquer une modification de la biodiversité, citant l’exemple du développement d’algues. Le plancton aussi était concerné, comme les « dinoflagellés », des micro-algues unicellulaires de couleur rouge orangé et de taille moyenne ou petite, entre 3 et 50 microns, qui pouvaient « provoquer chez le baigneur conjonctivite ou asthme ». Un phénomène confirmé par Marie Brun, directrice de laboratoire à l’Université internationale de la mer. Tous les laboratoires du littoral étaient en alerte.

Réchauffement de la mer
2003 - 01:10 - vidéo

Si le réchauffement des eaux méditerranéennes pouvait provoquer la prolifération d’algues ou la migration de nouvelles espèces, elle était également responsable de la disparition d’autres animaux. L’archive ci-dessous, datant de juillet 2004, faisait le point à ce sujet.

Cette enquête diffusée dans le JT de 20 h de TF1 était consacrée à la disparition des gorgones, animaux invertébrés de couleur rouge, dont la présence en Méditerranée tendait à diminuer de manière significative du fait du réchauffement climatique observé les dernières années. Les chercheurs interrogés étaient déjà catégoriques, une des richesses de la faune sous-marine méditerranéenne était en voie de disparition.

Marc Bally, chargé de Recherches CNRS Dimar confirmait l’hécatombe. « La gorgone est en train de mourir, elle perd sa couleur pourpre qui est si caractéristique et devient plutôt grise, plutôt sombre. Ensuite, les tissus se délitent », expliquait-il, sur des images sous-marines filmées au large de Marseille.

Leur taux de mortalité atteignait déjà les 50 %. Cette chute des effectifs avait d’abord été signalée par les plongeurs et des pêcheurs qui constataient le bouleversement de tout l’écosystème. L’un d’eux, filmé sur le port de Marseille, décrivait les conséquences de cette destruction des gorgones sur la pêche : « On trouve de moins en moins de poissons nobles là où il n’y a plus de gorgones », déplorait-il.

Sur le littoral français et italien, on estimait déjà que « des millions de colonies de gorgones étaient mortes nécrosées ».

« La Méditerranée se tropicalise »

Avec le réchauffement, la mer Méditerranée prenait également des allures tropicales, avec l’apparition d’une nouvelle faune exotique. C’est ce que dévoilait le sujet à découvrir ci-dessous, diffusé en août 2006, dans le 20 h de TF1, à l’aide de très belles images sous-marines.

Nous retrouvons le barracuda, un prédateur de « 1,40 m pour 20 kilos, plutôt habitué des Caraïbes », mais filmés au large de Port-Cros dans le Var. Autres nouveaux locataires des eaux bleues, la « girelle paon », la « raie manta » ou le « mérou ». Patrick Lelong, océanographe à bord d’un bateau, après une plongée de reconnaissance, précisait que ces apparitions étaient « vraiment un signe biologique du réchauffement de la Méditerranée, de la tropicalisation ».

Le reportage évoquait à nouveau la disparition progressive des invertébrés, éponges et gorgones pourpres.

Focus sur le travail des chercheurs du laboratoire Arago du CNRS

En 2006, ils effectuaient des mesures de température à diverses profondeurs au large de Banyuls-sur-Mer. Interviews de deux chercheurs du CNRS dont Jean-Michel Amouroux.

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